Redistribuito da: classicistranieri.com | Facciamo una biblioteca multiediale. Meglio. E ci dispiace per gli altri! The Project Gutenberg EBook of La Esmeralda, by Victor Hugo This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.net Title: La Esmeralda Author: Victor Hugo Release Date: October 5, 2004 [EBook #13628] Language: French Character set encoding: ASCII *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA ESMERALDA *** Produced by PG Distributed Proofreaders from images generously made available by the Bibliotheque nationale de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr OEUVRES COMPLETES DE VICTOR HUGO XVII DRAME IV EDITION DEFINITIVE D'APRES LES MANUSCRITS ORIGINAUX OEUVRES COMPLETES DE VICTOR HUGO DRAME IV LA ESMERALDA--RUY BLAS LES BURGRAVES EDITION NE VARIETUR PARIS J HETZEL & Cie 18, RUE JACOB A. QUANTIN & Cie RUE SAINT-BENOIT, 7 1880 LA ESMERALDA LIBRETTO Si par hasard quelqu'un se souvenait d'un roman en ecoutant un opera, l'auteur croit devoir prevenir le public que pour faire entrer dans la perspective particuliere d'une scene lyrique quelque chose du drame qui sert de base au livre intitule Notre-Dame de Paris, il a fallu en modifier diversement tantot l'action, tantot les caracteres. Le caractere de Phoebus de Chateaupers, par exemple, est un de ceux qui ont du etre alteres; un autre denouement a ete necessaire, etc. Au reste, quoique, meme en ecrivant cet opuscule, l'auteur se soit ecarte le moins possible, et seulement quand la musique l'a exige, de certaines conditions consciencieuses indispensables, selon lui, a toute oeuvre, petite ou grande, il n'entend offrir ici aux lecteurs, ou pour mieux dire aux auditeurs, qu'un canevas d'opera plus ou moins bien dispose pour que l'oeuvre musicale s'y superpose heureusement, qu'un libretto pur et simple dont la publication s'explique par un usage imperieux. Il ne peut voir dans ceci qu'une trame telle quelle qui ne demande pas mieux que de se derober sous cette riche et eblouissante broderie qu'on appelle la musique. L'auteur suppose donc, si par aventure on s'occupe de ce libretto, qu'un opuscule aussi special ne saurait en aucun cas etre juge en lui-meme et abstraction faite des necessites musicales que le poete a du subir, et qui, a l'Opera, ont toujours droit de prevaloir. Du reste, il prie instamment le lecteur de ne voir dans les lignes qu'il ecrit ici que ce qu'elles contiennent, c'est-a-dire sa pensee personnelle sur ce libretto en particulier, et non un dedain injuste et de mauvais gout pour cette espece de poemes en general et pour l'etablissement magnifique ou ils sont representes. Lui qui n'est rien, il rappellerait au besoin a ceux qui sont le plus haut places que nul n'a droit de dedaigner, fut-ce au point de vue litteraire, une scene comme celle-ci. A ne compter meme que les poetes, ce royal theatre a recu dans l'occasion d'illustres visites, ne l'oublions pas. En 1671, on representa avec toute la pompe de la scene lyrique une tragedie-ballet intitulee; Psyche. Le libretto de cet opera avait deux auteurs: l'un s'appelait Poquelin de Moliere, l'autre Pierre Corneille. 14 novembre 1836. PERSONNAGES. LA ESMERALDA. PHOEBUS DE CHATEAUPERS. CLAUDE FROLLO. QUASIMODO. FLEUR-DE-LYS. MADAME ALOISE DE GONDELAURIER. DIANE. BERANGERE. LE VICOMTE DE GIF. M. DE CHEVREUSE. M. DE MORLAIX. CLOPIN TROUILLEFOU. LE CRIEUR PUBLIC. PEUPLE, TRUANDS, ARCHERS, ETC. Paris.--1482. ACTE PREMIER [La Cour des miracles.--Il est nuit. Foule de truands. Danses et bruyantes. Mendiant et mendiantes dans leurs diverses attitudes de metier. Le roi de Thune sur son tonneau. Feux, torches, flambeaux. Cercle de hideuses maisons dans l'ombre.] SCENE PREMIERE. CLAUDE FROLLO, CLOPIN TROUILLEFOU [puis] LA ESMERALDA, [puis] QUASIMODO,--LES TRUANDS. CHOEUR DES TRUANDS. Vive Clopin, roi de Thune! Vivent les gueux de Paris! Faisons nos coups a la brune, Heure ou tous les chats sont gris. Dansons! narguons pape et bulle, Et raillons-nous dans nos peaux, Qu'avril mouille ou que juin brule La plume de nos chapeaux! Sachons flairer dans l'espace L'estoc de l'archer vengeur, Ou le sac d'argent qui passe Sur le dos du voyageur! Nous irons au clair de lune Danser avec les esprits...--Vive Clopin, roi de Thune! Vivent les gueux de Paris! CLAUDE FROLLO, [a part, derriere un pilier, dans un coin du theatre. Il est enveloppe d'un grand manteau qui cache son habit de pretre. Au milieu de la ronde infame, Qu'importe le soupir d'une ame? Je souffre! oh! jamais plus de flamme Au sein d'un volcan ne gronda. [Entre la Esmeralda en dansant.] CHOEUR. La voila! la voila! c'est elle! Esmeralda! CLAUDE FROLLO, [a part.] C'est elle! oh! oui, c'est elle! Pourquoi, sort rigoureux, L'as-tu faite si belle, Et moi si malheureux? [Elle arrive au milieu du theatre. Les truands font cercle avec admiration autour d'elle. Elle danse.] LA ESMERALDA. Je suis l'orpheline, Fille des douleurs, Qui sur vous s'incline En jetant des fleurs; Mon joyeux delire Bien souvent soupire; Je montre un sourire, Je cache des pleurs. Je danse, humble fille, Au bord du ruisseau, Ma chanson babille Comme un jeune oiseau; Je suis la colombe Qu'on blesse et qui tombe. La nuit de la tombe Couvre mon berceau. CHOEUR. Danse, jeune fille! Tu nous rends plus doux. Prends-nous pour famille, Et joue avec nous, Comme l'hirondelle A la mer se mele, Agacant de l'aile Le flot en courroux. C'est la jeune fille, L'enfant du malheur! Quand son regard brille, Adieu la douleur! Son chant nous rassemble; De loin elle semble L'abeille qui tremble Au bout d'une fleur. Danse, jeune fille, Tu nous rends plus doux. Prends-nous pour famille, Et joue avec nous! CLAUDE FROLLO, [a part.] Fremis, jeune fille; Le pretre est jaloux! [Claude veut se rapprocher de la Esmeralda, qui se detourne de lui avec une sorte d'effroi.--Entre la procession du pape des fous. Torches, lanternes et musique. On porte au milieu du cortege, sur un brancard couvert de chandelles, Quasimodo, chape et mitre.] CHOEUR. Saluez, clercs de basoche! Hubins, coquillards, cagoux, Saluez tous! il approche. Voici le pape des fous! CLAUDE FROLLO, [apercevant Quasimodo, s'elance vers lui avec un geste de colere.] Quasimodo! quel role etrange! 0 profanation! Ici, Quasimodo! QUASIMODO. Grand Dieu! qu'entends-je? CLAUDE FROLLO. Ici, te dis-je! QUASIMODO, [se jetant en bas de la litiere.] Me voici! CLAUDE FROLLO. Sois anatheme! QUASIMODO. Dieu! c'est lui-meme! CLAUDE FROLLO. Audace extreme! QUASIMODO. Instant d'effroi! CLAUDE FROLLO. A genoux, traitre! QUASIMODO. Pardonnez, maitre! CLAUDE FROLLO. Non, je suis pretre! QUASIMODO. Pardonnez-moi! [Claude Frollo arrache les ornements pontificaux de Quasimodo et les foule aux pieds. Les truands, sur lesquels Claude jette des regards irrites, commencent a murmurer et se forment en groupes menacants autour de lui.] LES TRUANDS. Il nous menace, O compagnons! Dans cette place Ou nous regnons! QUASIMODO. Que veut l'audace De ces larrons? On le menace, Mais nous verrons! CLAUDE FROLLO. Impure race! Juifs et larrons! On me menace, Mais nous verrons! [La colere des truands eclate.] LES TRUANDS. Arrete! arrete! arrete! Meure le trouble-fete! Il paiera de sa tete! En vain il se debat! QUASIMODO. Qu'on respecte sa tete! Et que chacun s'arrete, Ou je change la fete En un sanglant combat! CLAUDE FROLLO. Ce n'est point pour sa tete Que Frollo s'inquiete. [Il met la main sur la poitrine.] C'est la qu'est la tempete,: C'est la qu'est le combat! [Au moment ou la fureur des truands est au comble, Clopin Trouillefou parait au fond du theatre.] CLOPIN. Qui donc ose attaquer, dans ce repaire infame, L'archidiacre mon seigneur, Et Quasimodo le sonneur De Notre-Dame? LES TRUANDS, [s'arretant.] C'est Clopin, notre roi! CLOPIN. Manants, retirez-vous! LES TRUANDS. Il faut obeir! CLOPIN. Laissez-nous. [Les truands se retirent dans les masures. La Cour des miracles reste deserte. Clopin s'approche mysterieusement de Claude.] SCENE II CLAUDE FROLLO, QUASIMODO, CLOPIN TROUILLEFOU. CLOPIN. Quel motif vous avait jete dans cette orgie? Avez-vous, monseigneur, quelque ordre a me donner? Vous etes mon maitre en magie. Parlez; je ferai tout. CLAUDE. [Il saisit vivement Clopin par le bras et l'attire sur le devant du theatre.] Je viens tout terminer. Ecoute. CLOPIN. Monseigneur? CLAUDE FROLLO. Plus que jamais je l'aime! D'amour et de douleur tu me vois palpitant. Il me la faut cette nuit meme. CLOPIN. Vous l'allez voir ici passer dans un instant; C'est le chemin de sa demeure. CLAUDE FROLLO, [a part.] Oh! l'enfer me saisit! [Haut.] Bientot, dis-tu? CLOPIN. Sur l'heure. CLAUDE FROLLO. Seule? CLOPIN. Seule. CLAUDE FROLLO. Il suffit. CLOPIN. Attendrez-vous? CLAUDE FROLLO. J'attend. Que je l'obtienne ou que je meure! CLOPIN. Puis-je vous servir? CLAUDE FROLLO. Non. [Il fait signe a Clopin de s'eloigner, apres lui avoir jete sa bourse. Reste seul avec Quasimodo, il l'amene sur le devant du theatre.] Viens, j'ai besoin de toi. QUASIMODO. C'est bien. CLAUDE FROLLO. Pour une chose impie, affreuse, extreme. QUASIMODO. Vous etes mon seigneur. CLAUDE FROLLO. Les fers, la mort, la loi, Nous bravons tout. QUASIMODO. Comptez sur moi. CLAUDE FROLLO, [impetueusement.] J'enleve la fille boheme! QUASIMODO. Maitre, prenez mon sang--sans me dire pourquoi. [Sur un signe de Claudo Frollo, il se retire vers le fond du [theatre et laisse son maitre sur le devant de la scene.] CLAUDE FROLLO. 0 ciel! avoir donne ma pensee aux abimes, Avoir de la magie essaye tous les crimes,. Etre tombe plus bas que l'enfer ne descend, Pretre, a minuit, dans l'ombre epier une femme, Et songer, dans l'etat ou se trouve mon ame, Que Dieu me regarde a present! Eh bien, oui! qu'importe! Le destin m'emporte, Sa main est trop forte, Je cede a sa loi! Mon sort recommence! Le pretre en demence N'a plus d'esperance Et n'a plus d'effroi! Demon qui m'enivres, Qu'evoquent mes livres, Si tu me la livres, Je me livre a toi! Recois sous ton aile Le pretre infidele! L'enfer avec elle, C'est mon ciel, a moi! Viens donc, o jeune femme! C'est moi qui te reclame! Viens, prends-moi sans retour! Puisqu'un Dieu, puisqu'un maitre, Dont le regard penetre Notre coeur nuit et jour, Exige en son caprice Que le pretre choisisse Du ciel ou de l'amour! QUASIMODO, [revenant.] Maitre, l'instant s'approche. CLAUDE FROLLO. Oui, l'heure est solennelle; Mon sort se decide, tais-toi. CLAUDE FROLLO ET QUASIMODO. La nuit est sombre, J'entends des pas; Quelqu'un dans l'ombre Ne vient-il pas? [Ils vont ecouter au fond du theatre.] LE GUET, [passant derriere les maisons.] Paix et vigilance! Ouvrons, loin du bruit, L'oreille au silence Et l'oeil a la nuit. CLAUDE ET QUASIMODO. Dans l'ombre on s'avance; Quelqu'un vient sans bruit. Oui, faisons silence; C'est le guet de nuit! [Le chant s'eloigne.] QUASIMODO. Le guet s'en va. CLAUDE FROLLO. Notre crainte le suit. [Claude Frollo et Quasimodo regardent avec anxiete vers la rue par laquelle doit venir la Esmeralda.] QUASIMODO. L'amour conseille, L'espoir rend fort Celui qui veille Lorsque tout dort. Je la devine, Je l'entrevoi; Fille divine, Viens sans effroi! CLAUDE FROLLO. L'amour conseille, L'espoir rend fort Celui qui veille Lorsque tout dort. Je la devine, Je l'entrevoi; Fille divine! Elle est a moi! [Entre la Esmeralda. Ils se jettent sur elle, et veulent l'entrainer. Elle se debat.] LA ESMERALDA. Au secours! au secours! a moi! CLAUDE FROLLO ET QUASIMODO. Tais-toi, jeune fille! tais-toi! SCENE III. LA ESMERALDA, QUASIMODO, PHOEBUS DE CHATEAUPERS, LES ARCHERS DU GUET. PHOEBUS DE CHATEAUPERS, [entrant a la tete d'un gros d'archers.] De par le roi! [Dans le tumulte, Claude s'echappe. Les archers saisissent Quasimodo.] PHOEBUS, [aux archers, montrant Quasimodo.] Arretez-le! serrez ferme! Qu'il soit seigneur ou valet! Nous allons, pour qu'on l'enferme, Le conduire au Chatelet! [Les archers emmenent Quasimodo au fond. La Esmeralda, remise de sa frayeur, s'approche de Phoebus avec une curiosite melee d'admiration, et l'attire doucement sur le devant de la scene.] LA ESMERALDA, [a Phoebus.] Daignez me dire Votre nom, sire! Je le requiers! PHOEBUS. Phoebus, ma fille, De la famille De Chateaupers. LA ESMERALDA. Capitaine? PHOEBUS. Oui, ma reine. LA ESMERALDA. Reine? oh! non. PHOEBUS. Grace extreme! LA ESMERALDA. Phoebus, j'aime Votre nom! PHOEBUS. Sur mon ame, J'ai, madame, Une lame De renom! LA ESMERALDA, [a Phoebus.] Un beau capitaine, Un bel officier, A mine hautaine, A corset d'acier, Souvent, mon beau sire, Prend nos pauvres coeurs, Et ne fait que rire De nos yeux en pleurs. PHOEBUS, [a part.] Pour un capitaine, Pour un officier, L'amour peut a peine Vivre un jour entier. Tout soldat desire Cueillir toute fleur, Plaisir sans martyre, Amour sans douleur! [A la Esmeralda.] Un esprit Radieux Me sourit Dans tes yeux. LA ESMERALDA. Un beau capitaine, Un bel officier, A mine hautaine, A corset d'acier, Quand aux yeux il brille, Fait longtemps penser Toute pauvre fille Qui l'a vu passer! PHOEBUS, [a part.] Pour un capitaine, Pour un officier, L'amour peut a peine Vivre un jour entier. C'est l'eclair qui brille, Il faut courtiser Toute belle fille Que l'on voit passer. LA ESMERALDA. [Elle se pose devant le capitaine et l'admire.] Seigneur Phoebus, que je vous voie Et que je vous admire encor! Oh! la belle echarpe de soie, La belle echarpe a franges d'or! [Phoebus detache son echarpe et la lui offre.] PHOEBUS. Vous plait-elle? [La Esmeralda prend l'echarpe et s'en pare.] LA ESMERALDA. Qu'elle est belle! PHOEBUS. Un moment! [Il s'approche d'elle et cherche a l'embrasser.] LA ESMERALDA, reculant. Non! de grace! PHOEBUS, [qui insiste.] Qu'on m'embrasse! LA ESMERALDA, [reculant toujours.] Non, vraiment! PHOEBUS, [riant.] Une belle Si rebelle. Si cruelle! C'est charmant. LA ESMERALDA. Non, beau capitaine, Je dois refuser. Sais-je ou l'on m'entraine Avec un baiser? PHOEBUS. Je suis capitaine, Je veux un baiser. Ma belle africaine, Pourquoi refuser? Donne un baiser, donne, ou je vais le prendre. LA ESMERALDA. Non, laissez-moi; je ne veux rien entendre. PHOEBUS. Un seul baiser! ce n'est rien, sur ma foi! LA ESMERALDA. Rien pour vous, sire, helas! et tout pour moi! PHOEBUS. Regarde-moi; tu verras si je t'aime! LA ESMERALDA. Je ne veux pas regarder en moi-meme. PHOEBUS. L'amour, ce soir, veut entrer dans ton coeur. LA ESMERALDA. L'amour ce soir, et demain le malheur! [Elle glisse de ses bras et s'enfuit. Phoebus, desappointe, se retourne vers Quasimodo, que les gardes tiennent lie au fond du theatre.] PHOEBUS. Elle m'echappe, elle resiste. Belle aventure en verite! Des deux oiseaux de nuit je garde le plus triste; Le rossignol s'en va, le hibou m'est reste. [Il se remet a la tete de sa troupe, et sort emmenant Quasimodo.] CHOEUR DE LA RONDE DU GUET. Paix et vigilance! Ouvrons, loin du bruit, L'oreille au silence Et l'oeil a la nuit! [Ils s'eloignent peu a peu et disparaissent.] ACTE DEUXIEME SCENE PREMIERE. [La place de Greve. Le pilori. Quasimodo au pilori. Le peuple sur la place.] CHOEUR. --Il enlevait une fille! --Comment! vraiment? --Vous voyez comme on l'etrille En ce moment! --Entendez-vous, mes commeres? Quasimodo S'en vient chasser sur les terres De Cupido! UNE FEMME DU PEUPLE. Il passera dans ma rue Au retour du pilori, Et c'est Pierrat Torterue Qui va nous faire le cri. LE CRIEUR. De par le roi, que Dieu garde! L'homme qu'ici l'on regarde Sera mis, sous bonne garde, Pour une heure au pilori! CHOEUR. A bas! a bas! Le bossu! le sourd! le borgne! Ce Barabbas! Je crois, mortdieu! qu'il nous lorgne. A bas le sorcier! Il grimace, il rue! Il fait aboyer Les chiens dans la rue. --Corrigez bien ce bandit! --Doublez le fouet et l'amende! QUASIMODO. A boire! CHOEUR. Qu'on le pende! QUASIMODO. A boire! CHOEUR. Sois maudit! [Depuis quelques instants la Esmeralda s'est melee a la foule. Elle a observe Quasimodo avec surprise d'abord, puis avec pitie. Tout a coup, au milieu des cris du peuple, elle monte au pilori, detache une petite gourde de sa ceinture, et donne a boire a Quasimodo.] CHOEUR. Que fais-tu, belle fille? Laisse Quasimodo! A Belzebuth qui grille On ne donne pas d'eau! [Elle descend du pilori. Les archers detachent et emmenent Quasimodo.] CHOEUR. --Il enlevait une femme! --Qui? ce butor? --Mais c'est affreux! c'est infame! --C'est un peu fort! --Entendez-vous, mes commeres? Quasimodo Osait chasser sur les terres De Cupido! SCENE II. [Une salle magnifique ou se font des preparatifs de fete.] PHOEBUS, FLEUR-DE-LYS, MADAME ALOISE DE GONDELAURIER. MADAME ALOISE. Phoebus, mon futur gendre, ecoutez, je vous aime; Soyez maitre ceans comme un autre moi-meme; Ayez soin que ce soir chacun s'egaye ici. Et vous, ma fille, allons, tenez-vous prete. Vous serez la plus belle encor dans cette fete, Soyez la plus joyeuse aussi! [Elle va au fond, et donne des ordres aux valets qui disposent la fete.] FLEUR-DE-LYS. Monsieur, depuis l'autre semaine On vous a vu deux fois a peine. Cette fete enfin vous ramene. Enfin! c'est bien heureux vraiment! PHOEBUS. Ne grondez pas, je vous supplie! FLEUR-DE-LYS. Ah! je le vois, Phoebus m'oublie! PHOEBUS. Je vous jure... FLEUR-DE-LYS. Pas de serment! On ne jure que lorsqu'on ment. PHOEBUS. Vous oublier! quelle folie! N'etes-vous pas la plus jolie? Ne suis-je pas le mieux aimant? PHOEBUS, [a part.] Comme ma belle fiancee Gronde aujourd'hui! Le soupcon est dans sa pensee. Ah! quel ennui! Belles, les amants qu'on rudoie S'en vont ailleurs. On en prend plus avec la joie Qu'avec les pleurs. FLEUR-DE-LYS, [a part.] Me trahir, moi, sa fiancee, Qui suis a lui! Moi qui n'ai que lui pour pensee Et pour ennui! Ah! qu'il s'absente ou qu'il me voie, Que de douleurs! Present, il dedaigne ma joie, Absent, mes pleurs! FLEUR-DE-LYS. L'echarpe, que pour vous, Phoebus, j'ai festonnee, Qu'en avez-vous donc fait? je ne vous la vois pas. PHOEBUS, [trouble.] L'echarpe? Je ne sais... [A part.] Mortdieu! le mauvais pas! FLEUR-DE-LYS. Vous l'avez oubliee! [A part.] A qui l'a-t-il donnee? Et pour qui suis-je abandonnee? MADAME ALOISE, [remontant vers eux et tachant de les accorder.] Mon Dieu! mariez-vous; vous bouderez apres. PHOEBUS, [a Fleur-de-Lys.] Non, je ne l'ai pas oubliee. Je l'ai, je m'en souviens, soigneusement pliee Dans un coffret d'email que j'ai fait faire expres. [Avec passion, a Fleur-de-Lys, qui boude encore.] Je vous jure que je vous aime Plus qu'on n'aimerait Venus meme. FLEUR-DE-LYS. Pas de serment! pas de serment! On ne jure que lorsqu'on ment. MADAME ALOISE. Enfants! pas de querelle; aujourd'hui tout est joie. Viens, ma fille, il faut qu'on nous voie. Voici qu'on va venir. Chaque chose a son tour. [Aux valets.] Allumez les flambeaux, et que le bal s'apprete. Je veux que tout soit beau, qu'on s'y croie en plein jour PHOEBUS. Puisqu'on a Fleur-de-Lys, rien ne manque a la fete. FLEUR-DE-LYS. Phoebus, il y manque l'amour! [Elles sortent.] PHOEBUS, [regardant sortir Fleur-de-Lys.] Elle dit vrai; pres d'elle encore Mon coeur est rempli de souci. Celle que j'aime, a qui je pense des l'aurore, Helas! elle n'est pas ici! Fille ravissante, A toi mes amours! Belle ombre dansante, Qui remplis mes jours, Et, toujours absente, M'apparais toujours! Elle est rayonnante et douce Comme un nid dans les rameaux, Comme une fleur dans la mousse, Comme un bien parmi des maux! Humble fille et vierge fiere, Ame chaste en liberte, La pudeur sous sa paupiere Emousse la volupte! C'est, dans la nuit sombre, Un ange des cieux, Au front voile d'ombre, A l'oeil plein de feux! Toujours je vois son image, Brillante ou sombre parfois; Mais toujours, astre ou nuage, C'est au ciel que je la vois! Fille ravissante, A toi mes amours! Belle ombre dansante Qui remplis mes jours, Et, toujours absente, M'apparais toujours! [Entrent plusieurs seigneurs et dames en habits de fete.] SCENE III. LES PRECEDENTS, LE VICOMTE DE GIF, M. DE MORLAIX, M. DE CHEVREUSE, MADAME DE GONDELAURIER, FLEUR-DE-LYS, DIANE, BERANGERE, DAMES, SEIGNEURS. LE VICOMTE DE GIF. Salut, nobles chatelaines! MADAME ALOISE, PHOEBUS, FLEUR-DE-LYS, saluant. Bonjour, noble chevalier! Oubliez soucis et peines Sous ce toit hospitalier! M. DE MORLAIX. Mesdames, Dieu vous envoie Sante, plaisir et bonheur! MADAME ALOISE, PHOEBUS, FLEUR-DE-LYS. Que le ciel vous rende en joie Vos bons souhaits, beau seigneur! M. DE CHEVREUSE. Mesdames, du fond de l'ame Je suis a vous comme a Dieu. MADAME ALOISE, PHOEBUS, FLEUR-DE-LYS. Beau sire, que Notre-Dame Vous soit en aide en tout lieu! [Entrent tous les convies.] CHOEUR. Venez tous a la fete! Page, dame et seigneur! Venez tous a la fete, Des fleurs sur votre tete, La joie au fond du coeur. [Les convies s'accostent et se saluent. Des valets circulent dans la foule, portant des plateaux charges de fleurs et de fruits. Cependant un groupe de jeunes filles s'est forme pres d'une fenetre, a droite. Tout a coup l'une d'elles appelle les autres et leur fait signe de se pencher hors de la fenetre.] DIANE, [regardant au dehors.] Oh! viens donc voir, viens donc voir, Berangere! BERANGERE, [regardant dans la rue.] Qu'elle est vive! qu'elle est legere! DIANE. C'est une fee ou c'est l'Amour! LE VICOMTE DE GIF, [riant.] Qui danse dans le carrefour! M. DE CHEVREUSE, [apres avoir regarde.] Eh mais, c'est la magicienne! Phoebus, c'est ton egyptienne, Que l'autre nuit, avec valeur, Tu sauvas des mains d'un voleur. LE VICOMTE DE GIF. Eh! oui, c'est la bohemienne! M. DE MORLAIX. Elle est belle comme le jour! DIANE, a Phoebus. Si vous la connaissez, dites-lui qu'elle vienne Nous egayer de quelque tour. PHOEBUS, [regardant a son tour d'un air distrait.] Il se peut bien que ce soit elle. [A. M. de Gif.] Mais crois-tu qu'elle se rappelle?... FLEUR-DE-LYS, [qui observe et qui ecoute.] De vous toujours on se souvient. Voyons, appelez-la, dites-lui qu'elle monte. [A part.] Je verrai s'il faut croire a ce que l'on raconte. PHOEBUS, [a Fleur-de-Lys.] Vous le voulez? Eh bien, essayons. [Il fait signe a la danseuse de monter.] LES JEUNES FILLES. Elle vient! M. DE CHEVREUSE. Sous le porche elle est disparue. DIANE. Comme elle a laisse la ce bon peuple ebahi! LE VICOMTE DE GIF. Dames, vous allez voir la nymphe de la rue. FLEUR-DE-LYS, [a part.] Qu'au signe de Phoebus elle a vite obei!. SCENE IV. LES PRECEDENTS, LA ESMERALDA. Entre la bohemienne, timide, confuse, et radieuse. Mouvement d'admiration. La foule s'ecarte devant elle. CHOEUR. Regardez! son beau front brille entre les plus beaux, Comme ferait un astre entoure de flambeaux! PHOEBUS. Oh! la divine creature! Amis, de ce bal enchante Elle est la reine, je vous jure. Sa couronne c'est sa beaute! [Il se tourne vers MM. de Gif et de Chevreuse.] Amis, j'en ai l'ame echauffee! Je braverais guerre et malheur, Si je pouvais, charmante fee, Cueillir ton amour dans sa fleur! M. DE CHEVREUSE. C'est une celeste figure! Un de ces reves enchantes Qui flottent dans la nuit obscure Et sement l'ombre de clartes! Dans le carrefour elle est nee. O jeux aveugles du malheur! Quoi! dans l'eau du ruisseau trainee, Helas! une si belle fleur! LA ESMERALDA, [l'oeil fixe sur Phoebus dans la foule.] C'est mon Phoebus, j'en etais sure, Tel qu'en mon coeur il est reste! Ah! sous la soie ou sous l'armure, C'est toujours lui, grace et beaute! Phoebus, ma tete est embrasee! Tout me brule, joie et douleurs. La terre a besoin de rosee, Et mon ame a besoin de pleurs! FLEUR-DE-LYS. Qu'elle est belle! j'en etais sure. Oui, je dois etre, en verite, Bien jalouse, si je mesure Ma jalousie a sa beaute! Mais peut-etre, predestinees, Sous la rude main du malheur, Elle et moi, nous serons fanees Toutes les deux dans notre fleur! MADAME ALOISE. C'est une belle creature! Il est etrange, en verite, Qu'une bohemienne impure Ait tant de charme et de beaute! Mais qui connait la destinee? Souvent le serpent oiseleur Cache sa tete empoisonnee Sous le buisson le plus en fleur. TOUS, [ensemble.] Elle a le calme et la beaute Du ciel dans les beaux soirs d'ete! MADAME ALOISE, [a la Esmeralda.] Allons, enfant, allons, la belle, Venez, et dansez-nous quelque danse nouvelle. [La Esmeralda se prepare a danser et tire de son sein l'echarpe que lui a donnee Phoebus.] FLEUR-DE-LYS. Mon echarpe!... Phoebus, je suis trompee ici, Et ma rivale, la voici! [Fleur-de-Lys arrache l'echarpe a la Esmeralda, et tombe evanouie. Tout le bal s'ameute en desordre contre l'egyptienne, qui se refugie pres de Phoebus.] TOUS. Est-il vrai? Phoebus l'aime! Infame! sors d'ici. Ton audace est extreme De nous braver ainsi! 0 comble d'impudence! Retourne aux carrefours Faire admirer ta danse Aux marchands des faubourgs! Que sur l'heure on la chasse! A la porte! il le faut. Une fille si basse Elever l'oeil si haut! LA ESMERALDA. Oh! defends-moi toi-meme, Mon Phoebus, defends-moi! L'humble fille boheme N'espere ici qu'en toi. PHOEBUS. Je l'aime, et n'aime qu'elle! Je suis son defenseur. Je combattrai pour elle. Mon bras est a mon coeur. S'il faut qu'on la soutienne, Eh bien, je la soutien! Son injure est la mienne, Et son honneur le mien! TOUS. Quoi! voila ce qu'il aime! Hors d'ici! hors d'ici! Quoi! c'est une boheme Qu'il nous prefere ainsi! Ah! tous les deux, silence Sur une telle ardeur! [A Phoebus.] Vous, c'est trop d'insolence! [A la Esmeralda.] Toi, c'est trop d'impudeur! [Phoebus et ses amis protegent la bohemienne entouree des menaces [de tous les convies de madame de Gondelaurier. La Esmeralda se [dirige en chancelant vers la porte. La toile tombe.] ACTE TROISIEME SCENE PREMIERE. [Le preau exterieur d'un cabaret. A droite la taverne. A gauche [des arbres. Au fond une porte et un petit mur tres bas qui clot [le preau. Au loin la croupe de Notre-Dame, avec ses deux tours et [sa fleche, et une silhouette sombre du vieux Paris qui se detache [sur le ciel rouge du couchant. La Seine au bas du tableau.] PHOEBUS, LE VICOMTE DE GIF, M. DE MORLAIX, M. DE CHEVREUSE, [et plusieurs autres amis de Phoebus, [assis a des tables, buvant et chantant; puis] D0M CLAUDE FROLLO. CHANSON. CHOEUR. Sois propice et salutaire, Notre-Dame de Saint-Lo, Au soudard qui sur la terre N'a de haine que pour l'eau! PHOEBUS. Donne au brave, En tous lieux, Bonne cave Et beaux yeux! L'heureux drille! Fais qu'il pille Jeune fille Et vin vieux! Qu'une belle Au coeur froid Soit rebelle, --On en voit,-- Il plaisante La mechante, Puis il chante, Puis il boit! Le jour passe; Ivre ou non, Il embrasse Sa Toinon, Et, farouche, Il se couche Sur la bouche D'un canon. Et son ame, Qui souvent D'une femme Va revant, Est contente Quand la tente Palpitante Tremble au vent. CHOEUR. Sois propice et salutaire, Notre-Dame de Saint-Lo, Au soudard qui sur la terre N'a de haine que pour l'eau! [Entre Claude Frollo, qui va s'asseoir a une table eloignee de celle ou est Phoebus, et parait d'abord etranger a ce qui se passe autour de lui.] LE VICOMTE DE GIF, [a Phoebus.] Cette egyptienne si belle, Qu'en fais-tu donc, decidement? [Mouvement d'attention de Claude Frollo.] PHOEBUS. Ce soir, dans une heure, avec elle, J'ai rendez-vous. TOUS. Vraiment? PHOEBUS. Vraiment! [L'agitation de Claude Frollo redouble.] LE VICOMTE DE GIF. Dans une heure? PHOEBUS. Dans un moment! LA ESMERALDA. Oh! l'amour, volupte supreme! Se sentir deux dans un seul coeur! Posseder la femme qu'on aime! Etre l'esclave et le vainqueur! Avoir son ame, avoir ses charmes! Son chant qui sait vous apaiser! Et ses beaux yeux remplis de larmes Qu'on essuie avec un baiser! [Pendant qu'il chante, les autres boivent et choquent leurs verres.] CHOEUR. C'est le bonheur supreme, En quelque temps qu'on soit, De boire a ce qu'on aime Et d'aimer ce qu'on boit! PHOEBUS. Amis, la plus jolie, Une grace accomplie! 0 delire! o folie! Amis, elle est a moi! CLAUDE FROLLO, [a part.] A l'enfer je m'allie. Malheur sur elle et toi! PHOEBUS. Le plaisir nous convie! Epuisons sans retour Le meilleur de la vie Dans un instant d'amour! Qu'importe apres que l'on meure! Donnons cent ans pour une heure, L'eternite pour un jour! [Le couvre-feu sonne. Les amis de Phoebus se levent de table, [remettent leurs epees, leurs chapeaux, leurs manteaux, et [s'appretent a partir.] CHOEUR. Phoebus, l'heure t'appelle; Oui, c'est le couvre-feu. Va retrouver ta belle. A la garde de Dieu! PHOEBUS. Vraiment! l'heure m'appelle; Oui, c'est le couvre-feu. Je vais trouver ma belle. A la garde de Dieu! [Les amis de Phoebus sortent.] SCENE II CLAUDE FROLLO, PHOEBUS. CLAUDE FROLLO, [arretant Phoebus au moment ou il se [dispose a sortir.] Capitaine! PHOEBUS. Quel est cet homme? CLAUDE FROLLO. Ecoutez-moi. PHOEBUS. Depechons-nous! CLAUDE FROLLO. Savez-vous bien comment se nomme Celle qui vous attend ce soir au rendez-vous? PHOEBUS. Eh, pardieu! c'est mon amoureuse, Celle qui m'aime et me plait fort; C'est ma chanteuse, ma danseuse, C'est Esmeralda. CLAUDE FROLLO. C'est la mort. PHOEBUS. L'ami, vous etes fou, d'abord; Ensuite, allez au diable! CLAUDE FROLLO. Ecoutez! PHOEBUS. Que m'importe? CLAUDE FROLLO. Phoebus, si vous passez le seuil de cette porte.... PHOEBUS. Vous etes fou! CLAUDE FROLLO. Vous etes mort! Tremble! c'est une egyptienne! Elles n'ont ni loi, ni remord. Leur amour deguise leur haine, Et leur couche est un lit de mort! PHOEBUS, riant. Mon cher, rajustez votre cape. Rentrez a l'hopital des fous; Il me parait qu'on s'en echappe. Que Jupiter, saint Esculape, Et le diable soient avec vous! CLAUDE FROLLO. Ce sont des femmes infideles. Crois-en les publiques rumeurs. Tout est tenebres autour d'elles. Phoebus, n'y va pas, ou tu meurs! [L'insistance de Claude Frollo parait troubler Phoebus, qui considere son interlocuteur avec anxiete.] PHOEBUS. Il m'etonne, Il me donne Malgre moi quelques soupcons. Cette ville, Peu tranquille, Est pleine de trahisons. CLAUDE FROLLO. Je l'etonne, Je lui donne Malgre lui quelques soupcons. L'imbecile, Dans la ville, Ne voit plus que trahisons. Croyez-moi, monseigneur, evitez la sirene Dont le piege vous attend. Plus d'une bohemienne A poignarde dans sa haine Un coeur d'amour palpitant. [Phoebus, qu'il veut entrainer, se ravise et le repousse.] PHOEBUS. Mais suis-je fou moi-meme? Maure, juive ou boheme, Qu'importe quand on aime? L'amour doit tout couvrir. Laisse-nous! il m'appelle! Ah! si la mort, c'est elle, Quand la mort est si belle, Il est doux de mourir! CLAUDE, [le retenant.] Arrete! Une boheme! Ta folie est extreme! Oses-tu donc toi-meme A ta perte courir? Crains la femme infidele Qui dans l'ombre t'appelle. Mais quoi! tu cours pres d'elle? Va, si tu veux mourir! [Phoebus sort vivement, malgre Claude Frollo. Claude Frollo reste un moment sombre et comme indecis; puis il suit Phoebus.] SCENE III. [Une chambre. Au fond, une fenetre qui donne sur la riviere.] [Clopin Trouillefou entre, un flambeau a la main; il est accompagne de quelques hommes auxquels il fait un geste d'intelligence, et qu'il place dans un coin obscur ou ils disparaissent; puis il retourne vers la porte et semble faire signe a quelqu'un de monter. Dom Claude parait.] CLOPIN, [a Claude.] D'ici vous pourrez voir, sans etre vu vous-meme, Le capitaine et la boheme. [Il lui montre un enfoncement derriere une tapisserie.] CLAUDE FROLLO. Les hommes apostes sont-ils prets? CLOPIN. Ils sont prets. CLAUDE FROLLO. Que jamais de ceci l'on ne trouve la source. Silence! prenez cette bourse. Vous en aurez autant apres. [Claude Frollo se place dans la cachette. Clopin sort avec precaution. Entrent la Esmeralda et Phoebus.] CLAUDE FROLLO, [a part.] O fille adoree, Au destin livree! Elle entre paree Pour sortir en deuil! LA ESMERALDA, [a Phoebus.] Monseigneur le comte, Mon coeur que je dompte Est rempli de honte Et rempli d'orgueil! PHOEBUS, [a la Esmeralda.] Oh! comme elle est rose! Quand la porte est close, Ma belle, on depose Toute crainte au seuil. [Phoebus fait asseoir la Esmeralda sur le banc pres de lui.] PHOEBUS. M'aimes-tu? LA ESMERALDA. Je t'aime! CLAUDE FROLLO, [a part.] O torture! PHOEBUS. O l'adorable creature! Vous etes divine, en honneur! LA ESMERALDA. Votre bouche est une flatteuse! Tenez, je suis toute honteuse! N'approchez pas tant, monseigneur! CLAUDE FROLLO. Ils s'aiment! que je les envie! LA ESMERALDA. Mon Phoebus, je vous dois la vie! PHOEBUS. Et moi, je te dois le bonheur! LA ESMERALDA. Oh! sois sage! Encourage D'un visage Gracieux La petite Qui palpite Interdite Sous tes yeux! PHOEBUS. O ma reine, Ma sirene, Souveraine De beaute! Douce fille, Dont l'oeil brille Et petille De fierte! CLAUDE FROLLO. Les attendre! Les entendre! Qu'elle est tendre! Qu'il est beau! Sois joyeuse! Sois heureuse! Moi, je creuse Le tombeau! PHOEBUS. Fee ou femme, Sois ma dame! Car mon ame, Nuit et jour, Te desire, Te respire, Et t'admire, Mon amour! LA ESMERALDA. Je suis femme, Et mon ame, Toute flamme, Tout amour, Est, beau sire, Une lyre Qui soupire Nuit et jour! CLAUDE FROLLO. Attends, femme, Que ma flamme Et ma lame Aient leur tour! Oui, j'admire Leur sourire, Leur delire, Leur amour! PHOEBUS. Sois toujours rose et vermeille! Rions a notre heureux sort, A l'amour qui se reveille, A la pudeur qui s'endort! Ta bouche, c'est le ciel meme! Mon ame veut s'y poser. Puisse mon souffle supreme S'en aller dans ce baiser! LA ESMERALDA. Ta voix plait a mon oreille; Ton sourire est doux et fort; L'insouciance vermeille Rit dans tes yeux et m'endort. Tes voeux sont ma loi supreme, Mais je dois m'y refuser. Ma vertu, mon bonheur meme, S'en iraient dans ce baiser! CLAUDE FROLLO. Ne frappez point leur oreille, Pas rapproches de la mort! Ma haine jalouse veille Sur leur amour qui s'endort! La mort decharnee et bleme Entre eux deux va se poser! Phoebus, ton souffle supreme S'en ira dans ce baiser! [Claude Frollo se jette sur Phoebus et le poignarde, puis il ouvre la fenetre du fond, par laquelle il disparait. La Esmeralda tombe avec un grand cri sur le corps de Phoebus. Entrent en tumulte les hommes apostes, qui la saisissent et semblent l'accuser. La toile tombe.] ACTE QUATRIEME SCENE PREMIERE. [Une prison. Au fond, une porte.] LA ESMERALDA, [seule, enchainee, couchee sur la paille.] Quoi! lui dans le sepulcre, et moi dans cet abime! Moi prisonniere et lui victime! Oui, je l'ai vu tomber. Il est mort en effet! Et ce crime, o ciel! un tel crime, On dit que c'est moi qui l'ai fait! La tige de nos jours est brisee encor verte! Phoebus en s'en allant me montre le chemin! Hier sa fosse s'est ouverte, La mienne s'ouvrira demain! ROMANCE._ Phoebus, n'est-il sur la terre Aucun pouvoir salutaire A ceux qui se sont aimes? N'est-il ni philtres ni charmes Pour secher des yeux en larmes, Pour rouvrir des yeux fermes? Dieu bon, que je supplie Et la nuit et le jour, Daignez m'oter ma vie Ou m'oter mon amour! Mon Phoebus, ouvrons nos ailes Vers les spheres eternelles, Ou l'amour est immortel! Retournons ou tout retombe! Nos corps ensemble a la tombe, Nos ames ensemble au ciel! Dieu bon, que je supplie Et la nuit et le jour, Daignez m'oter ma vie Ou m'oter mon amour! [La porte s'ouvre. Entre Claude Frollo, une lampe a la main, lo capuchon rabattu sur le visage. Il vient se placer, immobile, en face de la Esmeralda.] LA ESMERALDA, [se levant en sursaut.] Quel est cet homme? CLAUDE FROLLO, [voile par son capuchon.] Un pretre. LA ESMERALDA. Un pretre! Quel mystere! CLAUDE FROLLO. Etes-vous prete? LA ESMERALDA. A quoi? CLAUDE FROLLO. Prete a mourir. LA ESMERALDA. Oui. CLAUDE FROLLO. Bien. LA ESMERALDA. Sera-ce bientot? Repondez-moi, mon pere. CLAUDE FROLLO. Demain. LA ESMERALDA. Pourquoi pas aujourd'hui? CLAUDE FROLLO. Quoi! vous souffrez donc bien? LA ESMERALDA. Oui, je souffre! CLAUDE FROLLO. Peut-etre, Moi qui vivrai demain, je souffre plus que vous. LA ESMERALDA. Vous? qui donc etes-vous? CLAUDE FROLLO. La tombe est entre nous! LA ESMERALDA. Votre nom? CLAUDE FROLLO. Vous voulez le savoir? LA ESMERALDA. Oui. [Il leve son capuchon.] LA ESMERALDA. Le pretre! C'est le pretre! o ciel! o mon Dieu! C'est bien son front de glace et son regard de feu! C'est bien le pretre! c'est lui-meme! C'est lui qui me poursuit sans treve nuit et jour! C'est lui qui l'a tue, mon Phoebus, mon amour! Monstre, je vous maudis a mon heure supreme! Que vous ai-je donc fait? quel est votre dessein? Que voulez-vous de moi, miserable assassin? Vous me haissez donc? CLAUDE FROLLO. Je t'aime!-- Je t'aime, c'est infame! Je t'aime en fremissant! Mon amour, c'est mon ame; Mon amour, c'est mon sang. Oui, sous tes pieds je tombe, Et, je le dis, Je prefere ta tombe Au paradis. Plains-moi! Quoi! je succombe.; Et tu maudis! LA ESMERALDA. Il m'aime! o comble d'epouvante! Il me tient, l'horrible oiseleur! CLAUDE FROLLO. La seule chose en moi vivante, C'est mon amour et ma douleur! Detresse extreme! Quelle rigueur! Helas! je t'aime! Nuit de douleur! LA ESMERALDA. Moment supreme! Tremble, o mon coeur! O ciel! il m'aime! Nuit de terreur! CLAUDE FROLLO, [a part.] Dans mes mains elle palpite! Enfin le pretre a son tour! Dans la nuit je l'ai conduite, Je vais la conduire au jour. La mort, qui vient a ma suite, Ne la rendra qu'a l'amour! LA ESMERALDA. Par pitie laissez-moi vite! Phoebus est mort, c'est mon tour! Helas! je suis interdite Devant votre affreux amour, Comme l'oiseau qui palpite Sous le regard du vautour! CLAUDE FROLLO. Accepte-moi! je t'aime! oh! viens, je t'en conjure! Pitie pour moi! pitie pour toi! fuyons! tout dort! LA ESMERALDA. Votre priere est une injure! CLAUDE FROLLO. Aimes-tu mieux mourir? LA ESMERALDA. Le corps meurt, l'ame sort. CLAUDE FROLLO. Mourir, c'est bien affreux! LA ESMERALDA. Taisez-vous, bouche impure! Votre amour rend belle la mort! CLAUDE FROLLO. Choisis, choisis.--Claude ou la mort! [Claude tombe aux pieds d'Esmeralda, suppliant. Elle le repousse.] LA ESMERALDA. Non, meurtrier! jamais! silence! Ton lache amour est une offense. Plutot la tombe ou je m'elance! Sois maudit parmi les maudits! CLAUDE FROLLO. Tremble! l'echafaud te reclame. Sais-tu que je porte en mon ame Des projets de sang et de flamme, De l'enfer dans-l'ombre applaudis? Oh! je t'adore! Donne ta main! Tu peux encore Vivre demain! O nuit d'alarmes! Nuit de remord! Pour moi les larmes, Pour toi la mort! Dis-moi: Je t'aime! Pour te sauver!-- L'aube supreme Va se lever. Ah! puisqu'en vain je t'implore, Puisque ta haine me fuit, Adieu donc! un jour encore, Et puis l'eternelle nuit! LA ESMERALDA. Va, je t'abhorre, Pretre inhumain! Le meurtre encore Rougit ta main! O nuit d'alarmes! Nuit de remord! Assez de larmes, Je veux la mort! Dans les fers meme Je t'ai brave. Sois anatheme! Sois reprouve! Va, ton crime te devore, Phoebus vers Dieu me conduit! Le ciel m'ouvre son aurore! L'enfer t'attend dans sa nuit! [Un geolier parait. Claude Frollo lui fait signe d'emmener la Esmeralda, et sort, pendant qu'on entraine la bohemienne.] SCENE II. [Le parvis Notre-Dame. La facade de l'eglise. On entend un bruit de cloches.] QUASIMODO. Mon Dieu! j'aime, Hors moi-meme, Tout ici! L'air qui passe Et qui chasse Mon souci! L'hirondelle Si fidele Aux vieux toits! Les chapelles Sous les ailes De la croix! Toute rose Qui fleurit; Toute chose Qui sourit! Triste ebauche, Je suis gauche, Je suis laid. Point d'envie! C'est la vie Comme elle est! Joie ou peine, Nuit d'ebene Ou ciel bleu, Que m'importe? Toute porte Mene a Dieu! Noble lame, Vil fourreau, Dans mon ame Je suis beau! Cloches grosses et freles, Sonnez, sonnez toujours! Confondez vos voix greles Et vos murmures sourds! Chantez dans les tourelles, Bourdonnez dans les tours! Ca, qu'on sonne! Qu'a grand bruit On bourdonne Jour et nuit! Nos fetes seront splendides. Aide par vous, j'en reponds. Sautez a bonds plus rapides Dans les airs que nous frappons! Voila les bourgeois stupides Qui se hatent sur les ponts! Ca, qu'on sonne, Qu'on bourdonne Jour et nuit! Toute fete Se complete Par le bruit! [Il se retourne vers la facade de l'eglise.] J'ai vu dans la chapelle une tenture noire. Helas! va-t-on trainer quelque misere ici? Dieu! quel pressentiment!... Non, je n'y veux pas croire! [Entrent Claude Frollo et Clopin, sans voir Quasimodo.] C'est mon maitre.--Observons.--Il est bien sombre aussi! [Il se cache dans un angle obscur du portail.] O ma maitresse! o Notre-Dame! Prenez mes jours, sauvez son ame! SCENE III. QUASIMODO, [cache;] CLAUDE FROLLO, CLOPIN. CLAUDE FROLLO. Donc Phoebus est a Montfort? CLOPIN. Monseigneur, il n'est pas mort! CLAUDE FROLLO. Pourvu qu'ici rien ne l'amene! CLOPIN. Ne vous en mettez pas en peine, Il est trop faible encor pour un si long chemin. S'il venait, sa mort serait sure. Monseigneur, soyez-en certain, Chaque pas qu'il ferait rouvrirait sa blessure. Ne craignez rien pour ce matin. CLAUDE FROLLO. Ah! qu'aujourd'hui du moins seul je la tienne, Pour vivre ou mourir, dans ma main! Enfer, pour aujourd'hui je te donne demain! [A Clopin.] Bientot on va mener ici l'egyptienne. Toi, que de tout il te souvienne!-- Sur la place avec les tiens.... CLOPIN. Bien. CLAUDE FROLLO. Tiens-toi dans l'ombre. Si je crie: A moi! tu viens. CLOPIN. Oui. CLAUDE FROLLO. Soyez en nombre. CLOPIN. Donc si vous criez: A moi!... CLAUDE FROLLO. Oui. CLOPIN. J'accours pres d'elle. Je l'arrache aux gens du roi.... CLAUDE FROLLO. Bien. CLOPIN. A vous la belle! CLAUDE FROLLO. A la foule melez-vous. Et peut-etre Ce coeur deviendra plus doux Pour le pretre. Alors vous accourez tous.... CLOPIN. Oui, mon maitre. CLAUDE FROLLO. Tenez-vous partout serres. CLOPIN. Oui. CLAUDE FROLLO. Cachez vos armes Pour ne pas donner d'alarmes. CLOPIN. Maitre, vous verrez. CLAUDE FROLLO. Mais que l'enfer la remporte, Compagnon, Si la folle a cette porte Me dit non! Destinee! o jeu funeste! Ami, je compte sur toi. Sur la chance qui me reste Je me penche avec effroi. CLOPIN. Ne craignez rien de funeste, Monseigneur, comptez sur moi. A la chance qui vous reste Confiez-vous sans effroi. [Ils sortent avec precaution. Le peuple commence a arriver sur la place.] SCENE IV. LE PEUPLE, QUASIMODO, [puis] LA ESMERALDA [et son cortege, puis] CLAUDE FROLLO, PHOEBUS, CLOPIN TROUILLEFOU, PRETRES, ARCHERS, GENS DE JUSTICE. CHOEUR. A Notre-Dame Venez tous voir La jeune femme Qui meurt ce soir! Cette bohemienne A poignarde, je croi, Un archer capitaine, Le plus beau qu'ait le roi! Eh quoi! si belle Et si cruelle! Entendez-vous? Comment y croire? L'ame si noire Et l'oeil si doux! C'est une chose affreuse! Ce que c'est que de nous! La pauvre malheureuse! Venez, accourez tous! A Notre-Dame Venez tous voir La jeune femme Qui meurt ce soir! [La foule grossit. Rumeur. Un cortege sinistre commence a deboucher sur la place du Parvis. Files de penitents noirs. Bannieres de la Misericorde. Flambeaux. Archers. Gens de justice et du guet. Les soldats ecartent la foule. Parait la Esmeralda, en chemise, la corde au cou, pieds nus, couverte d'un grand crepe noir. Pres d'elle, un moine avec un crucifix. Derriere elle, les bourreaux et les gens du roi. Quasimodo, appuye aux contre-forts du portail, observe avec attention. Au moment ou la condamnee arrive devant la facade, on entend un chant grave et lointain venir de l'interieur de l'eglise, dont les portes sont fermees.] CHOEUR, [dans l'eglise.] _Omnes fluctus fluminis Transierunt super me In imo voraginis Ubi plorant animae._ [Le chant s'approche lentement. Il eclate enfin pres des portes, qui s'ouvrent tout a coup et laissent voir l'interieur de l'eglise occupe par une longue procession de pretres en habits de ceremonie et precedes de bannieres. Claude Frollo, en costume sacerdotal, est en tete de la procession. Il s'avance vers la condamnee.] LE PEUPLE. Vive aujourd'hui, morte demain! Doux Jesus, tendez-lui la main! LA ESMERALDA. C'est mon Phoebus qui m'appelle Dans la demeure eternelle Ou Dieu nous tient sous son aile. Beni soit mon sort cruel! Au fond de tant de misere, Mon coeur qui se brise espere. Je vais mourir pour la terre, Je vais naitre pour le ciel! CLAUDE FROLLO. Mourir si jeune, si belle! Helas! le pretre infidele Est bien plus condamne qu'elle! Mon supplice est eternel. Pauvre fille de misere, Que j'ai prise dans ma serre, Tu vas mourir pour la terre; Moi, je suis mort pour le ciel! LE PEUPLE. Helas! c'est une infidele! Le ciel, qui tous nous appelle, N'a point de portes pour elle. Son supplice est eternel. La mort, oh! quelle misere! La tient dans sa double serre; Elle est morte pour la terre, Elle est morte pour le ciel! [La procession s'approche, Claude aborde la Esmeralda.] LA ESMERALDA, [glacee de terreur.] C'est le pretre! CLAUDE FROLLO, [bas.] Oui, c'est moi; je t'aime et je t'implore. Dis un seul mot, je puis encore, Je puis encore te sauver. Dis-moi: Je t'aime. LA ESMERALDA. Je t'abhorre! Va-t'en! CLAUDE FROLLO. Alors meurs donc! j'irai te retrouver. [Il se tourne vers la foule.] Peuple, au bras seculier nous livrons cette femme. A ce supreme instant, puisse sur sa pauvre ame Passer le souffle du Seigneur! [Au moment ou les hommes de justice mettent la main sur la Esmeralda, Quasimodo saute dans la place, repousse les archers, saisit la Esmeralda dans ses bras, et se jette dans l'eglise avec elle.] QUASIMODO. Asile! asile! asile! LE PEUPLE. Asile! asile! asile! Noel, gens de la ville! Noel au bon sonneur! O destinee! La condamnee Est au Seigneur. Le gibet tombe, Et l'Eternel, Au lieu de tombe, Ouvre l'autel. Bourreaux, arriere, Et gens du roi! Cette barriere Borne la loi. C'est toi qui changes Tout en ce lieu. Elle est aux anges, Elle est a Dieu! CLAUDE FROLLO, [faisant faire silence d'un geste.] Elle n'est pas sauvee, elle est egyptienne. Notre-Dame ne peut sauver qu'une chretienne. Meme embrassant l'autel les paiens sont proscrits. [Aux gens du roi.] Au nom de monseigneur l'eveque de Paris, Je vous rends cette femme impure. QUASIMODO, [aux archers.] Je la defendrai, je le jure! N'approchez pas! CLAUDE FROLLO, [aux archers.] Vous hesitez! Obeissez a l'instant meme. Arrachez du saint lieu cette fille boheme. [Les archers s'avancent. Quasimodo se place entre eux et la Esmeralda.] QUASIMODO. Jamais! [On entend UN CAVALIER accourir et crier du dehors:] Arretez! [La foule s'ecarte.] PHOEBUS, [apparaissant a cheval, pale, haletant, epuise comme un homme qui vient de faire une longue course.] Arretez! LA ESMERALDA. Phoebus! CLAUDE FROLLO, [a part, terrifie.] La trame se dechire! PHOEBUS, [se jetant a bas du cheval.] Dieu soit loue! je respire. J'arrive a temps. Celle-ci Est innocente, et voici Mon assassin! [Il designe Claude Frollo.] TOUS. Ciel! le pretre! PHOEBUS. Le pretre est seul coupable, et je le prouverai. Qu'on l'arrete. LE PEUPLE. O surprise! [Les archers entourent Claude Frollo.] CLAUDE FROLLO. Ah! Dieu seul est le maitre! LA ESMERALDA. Phoebus! PHOEBUS. Esmeralda! [Ils se jettent dans les bras l'un de l'autre.] LA ESMERALDA. Mon Phoebus adore! Nous vivrons. PHOEBUS. Tu vivras. LA ESMERALDA. Pour nous le bonheur brille. LE PEUPLE. Vivez tous deux! LA ESMERALDA. Entends ces joyeuses clameurs! A tes pieds recois l'humble fille.-- Ciel! tu palis! Qu'as-tu? PHOEBUS, [chancelant.] Je meurs. [Elle le recoit dans ses bras. Attente et anxiete dans la foule.] Chaque pas que j'ai fait vers toi, ma bien-aimee, A rouvert ma blessure a peine encor fermee. J'ai pris pour moi la tombe et te laisse le jour. J'expire. Le sort te venge; Je vais voir, o mon pauvre ange, Si le ciel vaut ton amour! --Adieu! [Il expire.] LA ESMERALDA. Phoebus! il meurt! en un instant tout change! [Elle tombe sur son corps.] Je te suis dans l'eternite! CLAUDE FROLLO. Fatalite! LE PEUPLE. Fatalite! End of Redistribuito da: classicistranieri.com | Facciamo una biblioteca multiediale. Meglio. E ci dispiace per gli altri! The Project Gutenberg EBook of La Esmeralda, by Victor Hugo *** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA ESMERALDA *** ***** This file should be named 13628.txt or 13628.zip ***** This and all associated files of various formats will be found in: http://www.gutenberg.net/1/3/6/2/13628/ Produced by PG Distributed Proofreaders from images generously made available by the Bibliotheque nationale de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr Updated editions will replace the previous one--the old editions will be renamed. Creating the works from public domain print editions means that no one owns a United States copyright in these works, so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United States without permission and without paying copyright royalties. Special rules, set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to copying and distributing Project Gutenberg-tm electronic works to protect the PROJECT GUTENBERG-tm concept and trademark. 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It exists because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from people in all walks of life. Volunteers and financial support to provide volunteers with the assistance they need, is critical to reaching Project Gutenberg-tm's goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will remain freely available for generations to come. In 2001, the Project Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations. To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4 and the Foundation web page at http://www.pglaf.org. Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit 501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent permitted by U.S. federal laws and your state's laws. The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S. Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered throughout numerous locations. Its business office is located at 809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact information can be found at the Foundation's web site and official page at http://pglaf.org For additional contact information: Dr. Gregory B. Newby Chief Executive and Director gbnewby@pglaf.org Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide spread public support and donations to carry out its mission of increasing the number of public domain and licensed works that can be freely distributed in machine readable form accessible by the widest array of equipment including outdated equipment. Many small donations ($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt status with the IRS. The Foundation is committed to complying with the laws regulating charities and charitable donations in all 50 states of the United States. Compliance requirements are not uniform and it takes a considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up with these requirements. We do not solicit donations in locations where we have not received written confirmation of compliance. 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Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm concept of a library of electronic works that could be freely shared with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support. Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S. unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper edition. Most people start at our Web site which has the main PG search facility: http://www.gutenberg.net This Web site includes information about Project Gutenberg-tm, including how to make donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.